La communauté des développeurs Web connaît depuis plusieurs mois un engouement spectaculaire pour le nouveau standard du Web préconisé par le W3C, HTML5. Philippe Le Hégaret a dernièrement insisté sur le fait que les spécifications de HTML5 sont encore à l’état de brouillon et qu’une mise en production immédiate serait prématurée.
Une annonce qui vient calmer les ardeurs de tous les défenseurs de la démocratisation des standards du Web. En effet, HTML5 met en avant un potentiel énorme concernant les applications Web de demain, à tel point que les leaders du secteur comme Microsoft, Google ou encore Apple en font un outil de buzz marketing.
Responsable des spécifications HTML5 du W3C, Philippe Le Hégaret a bien entendu hâte de voir HTML5 remplacer définitivement son prédécesseur, HTML4, déjà publié depuis plus de 13 ans. Il considère toutefois qu’à ce jour HTML5 ne pourrait être véritablement efficace du fait de problèmes de compatibilité avec une partie des navigateurs Web d’ancienne génération, qui conservent d’après lui une forte partie du parc informatique global.
HTML5 n’est pas encore prêt pour une mise en production […] C’est encore un petit peu tôt pour le déployer parce que nous rencontrons des problèmes d’interopérabilité.
Il semble pourtant difficile de ne pas constater les efforts des principaux navigateurs Web relatifs aux tentatives d’intégration des spécifications du standard HTML5. Chrome, Safari, Opera et FireFox font de la compatibilité avec HTML5 une priorité ; même Microsoft emboîte le pas avec la version bêta de son futur navigateur, Internet Explorer 9.
L’autre principale difficulté concernant l’intégration de HTML5 dans notre quotidien représente un des principaux bouleversements qu’il apporte : la balise Video, qui permet de lire une vidéo directement dans le navigateur, sans aucun plug-in à installer. À ce jour, la question du format vidéo qui sera recommandé par le W3C reste toujours en suspens entre entre H.264, OGG et WebM ; tout comme le problème du verrouillage des fichiers grâce aux DRM, impossible avec HTML5. C’est ainsi que Philippe Le Hégaret annonce :
Le HTML5 ne va pas mettre Flash à la retraite de sitôt […] l’industrie se rend compte que le HTML5 va arriver […] De moins en moins de sites utiliseront Flash.
Pour finir, il manque à HTML5 un environnement de développement intégré. La solution pourrait venir d’Adobe, notamment grâce à l’extension de prise en charge de HTML5 par Dreamweaver.
Nous l’avons compris, Philippe Le Hégaret estime qu’il est de bon augure d’attendre que les spécifications de HTML5 soient définitivement officialisées avant de les prendre intégralement en compte, au détriment des standards actuels. Il nous apprend que la finalisation devrait se faire courant 2011, avec une stabilisation complète dans les deux ou trois prochaines années.
L’avis de M. Le Hégaret n’a pas mis tous les acteurs du développement Web d’accord. Mike Schroepfer, qui est vice-président engineering de Facebook et a longtemps oeuvré au sein de la fondation Mozilla, déclare :
Ce n’est pas comme si les navigateurs existants étaient totalement stables ou interopérables. C’est une raison idiote pour ne pas utiliser les avancées de HTML5.
Réponse de Philippe Le Hégaret :
C’est bien d’expérimenter avec HTML5 et les implémentations existantes, mais il ne faut pas espérer la stabilité.
Doit-on retarder le développement du Web afin de pérenniser la compatibilité avec des navigateurs archaïques comme Internet Explorer 6 ou au contraire faut-il mettre fin à leur support pour inciter les mises à jour vers des navigateurs modernes ?